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[Interview] Thierry Hubac, directeur de la communication du FC Lorient

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[Interview] Thierry Hubac, directeur de la communication du FC Lorient

Le Sport Business mercredi 15 janvier 2014
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Depuis sa création, Lesportbusiness.com s’est fixé pour objectif de vous faire rencontrer tous les acteurs du sport. Les champions, bien sûr, mais aussi les professionnels du secteur. Rencontre aujourd’hui avec Thierry Hubac, directeur de la communication du FC Lorient. Le football autrement.

LeSportBusiness.com : Thierry Hubac, vous avez toujours été un homme de médias. Vous étiez journaliste au début de votre carrière. Pouvez-vous nous parler de cette époque ? 

Thierry Hubac : J’ai été journaliste pendant plus de 20 ans. Reporter et grand reporter. Puis ensuite rédacteur en chef et directeur de rédaction, au sein notamment de l’un des plus grands groupes de presse au monde, Lagardère. J’y ai travaillé principalement pour la branche sport. J’intervenais également sur les abonnements, la communication et le marketing, la promotion, la publicité, l’évènementiel. J’ai également travaillé en radio et en télévision.  Je me suis ensuite orienté vers la communication et je suis parti à l’AS Monaco, où j’ai dirigé la Communication et le Marketing pendant quatre ans.

J’ai toujours évolué dans l’univers du football, qui est l’une de mes grandes passions, et c’est une expérience qui me tentait. De spectateur – même privilégié – je voulais devenir acteur du quotidien d’un club de football, vivre l’expérience de l’intérieur. C’est absolument passionnant. Et on se rend compte qu’entre la perception que l’on peut avoir de quelque chose lorsque l’on est à l’extérieur et la réalité de la situation, il peut souvent y avoir une énorme différence !

Quelles différences vous avez observé entre votre métier de journaliste et la partie professionnelle du football ? 

Ce sont deux métiers différents. Tout comme les deux mondes du football et des médias, qui s’éloignent malheureusement de plus en plus l’un de l’autre, alors qu’il conviendrait au contraire de se rapprocher. Il y a beaucoup de schizophrénie et de paranoia de part et d’autre. Les médias cèdent de plus en plus à la tentation du sensationnalisme, tandis que les clubs deviennent de plus en plus hermétiques. Il y a beaucoup d’excès, dans un contexte trop passionnel, surexposé, exacerbé. C’est dommage, car le football reste à mon sens une chance de pouvoir construire des choses ensemble, pour que chacun soit gagnant.

« Le football est vecteur d’image, accélérateur d’attractivité, moteur de croissance économique et créateur de lien social, il a pour vocation de rassembler, pas de diviser »

Thierry Hubac évolue dans le monde du sport et de la communication depuis plus de 20 ans

Après Monaco, vous êtes revenu dans le monde de la communication traditionnelle.

Oui, j’ai créé ma structure et j’intervenais comme consultant, essentiellement auprès de clubs sportifs, notamment le FC Lorient. J’y avais pour principales missions d’accroître la visibilité et la notoriété du club sur le plan national, d’élaborer et de mettre en œuvre sa stratégie de communication et de piloter certains projets transversaux. Le club a ensuite proposé de me salarier et je me suis installé en Bretagne il y a un an et demi.

Comment s’est passée votre installation ?

Très bien ! La Bretagne est une très belle région ! L’environnement était différent de Monaco, le club était différent aussi. Pas les mêmes moyens, pas la même histoire, pas la même philosophie mais le challenge était passionnant ! Loïc Féry a toujours eu un projet visionnaire en matière de football, il a été pionnier dans pas mal de domaines et il continue à l’être. Il a un vrai projet professionnel et humain. Et Christian Gourcuff a donné une véritable identité de jeu à ce club.

Vous auriez aimé continuer dans un club prestigieux ?

Le prestige ne fait pas la fonction. Ce qui compte, c’est le projet et les hommes qui portent ce projet, une philosophie et des valeurs. Et en ce sens, le FC Lorient est plus beaucoup plus prestigieux que d’autres ! Le FCL est un club qui n’est pas dans la même catégorie que d’autres, avec des moyens moindres. Nous avons le 12ème budget du championnat, ce qui ne nous empêche pas de faire du bon travail, sur le terrain comme en dehors. Le projet d’entreprise est important : il doit être porté par les bonnes personnes, tout en restant fidèle aux valeurs du club. Au FCL, on considère que le football doit rester avant tout un spectacle, une fête, un sport. Avec tout ce que cela implique en termes de convivialité, de proximité, d’ouverture.

« Dans un monde du football qui marche parfois sur la tête, nous essayons de faire les choses avec humilité, simplement, différemment. La devise du FC Lorient, c’est d’ailleurs « le football autrement ». »

Comment s’organisent vos journées ? 

Il n’y a pas de journée type. Le service communication est un service au service de tous les services. Il faut être à la fois proactif, actif, réactif. Il faut pouvoir anticiper, accompagner, « mettre en musique ». Les tâches sont multiples, variées. Mon équipe n’est pas nombreuse, mais elle travaille beaucoup et très bien ! En France, beaucoup de gens pensent que cela se résume à une tâche d’attaché de presse, c’est très réducteur. La communication dans un club de football, du moins telle que nous la concevons au FCL, est une fonction essentielle et stratégique dans le cadre du développement global. Nous sommes directement impliqués dans des dossiers ayant trait au commercial, au marketing, au développement d’actions transversales comme la billetterie, le merchandising, la boutique etc…

Il y a aussi les relations publiques, institutionnelles, les relations presse, la gestion des médias du club, événementielle et bien d’autres domaines d’intervention encore ! 

Pour cette nouvelle année, vous avez un projet particulier en préparation ?

 Le club travaille sur de nombreux projets. En ce qui concerne plus spécifiquement la communication, nous allons prochainement concrétiser ceux du CRM et de la Fondation FCL, en annonçant notamment un partenariat d’envergure avec une grande organisation humanitaire. Nous allons également développer notre pôle Médias, remodeler notre interface de billetterie en ligne, et accentuer notre action sur les réseaux sociaux. Voilà pour le premier trimestre de l’année.

Le FCL avance, progresse. C’est principalement le fruit du travail de Loïc Féry et de Christian Gourcuff bien sûr, mais aussi de toute une équipe. Nous venons de nous installer à l’Espace FCL, l’un des plus beaux centres d’entraînement de France, qui regroupe les Pros, le Centre de Formation et le personnel administratif sur un site magnifique de 15 hectares.

« Nous sommes dans le Top 10 du football français en termes de résultats sportifs et de notoriété sur les cinq dernières saisons cumulées, notre modèle économique est unanimement salué, notre image est extrêmement positive »

Les Merlus sont fidèles au Stade du Moustoir

 Vous êtes dans le milieu depuis longtemps. Quelle est votre vision du football professionnel en 2014 ? Comment communiquent les clubs professionnels aujourd’hui ? 

Les différences se creusent de plus en plus. Des clubs ont d’énormes moyens, d’autres essaient de suivre, d’autres tout simplement de survivre, quand certains disparaissent purement et simplement, comme Sedan, Rouen ou Le Mans la saison dernière. Le football d’aujourd’hui ne se joue pas que sur le terrain, c’est aussi une affaire de gestion, un exercice délicat, car il faut également veiller à conserver son identité, ses valeurs, sa philosophie. C’est d’autant plus délicat que l’industrie du football est unique, car soumise à l’alea du résultat sportif, ce qui rend parfois difficile les perspectives à long terme.

Les clubs de football sont des entreprises, soumises à un contexte économique difficile. Ils sont trop « télédépendants » et il leur faut aujourd’hui diversifier leurs ressources, développer leur marque, leurs structures. Ca passe par de profondes mutations. La communication doit accompagner cette évolution, mais dans ce domaine, nous avons malheureusement beaucoup de retard sur nos voisins anglo-saxons, dans la façon de considérer la communication en tant qu’acteur majeur d’un développement global. 

Quelle est votre relation avec les supporters du FCL ? Des événements particuliers sont mis en place ?

Il y a une vraie relation passionnelle entre le FCL et ses supporters, une vraie proximité. Ici, on aime le football, le beau jeu, le spectacle. C’est dans l’ADN lorientais, une véritable identité. A tel point que nous avons créé, cette saison, un passeport pour chacun de nos abonnés ! Parce que venir au stade doit être un moment privilégié, nous avons une mis en place une politique d’animations régulières au Moustoir, qui est un véritable lieu de vie. Nous ne maîtrisons pas le résultat sportif, en revanche nous pouvons faire en sorte que le public passe un bon moment, quoi qu’il advienne sur le terrain.

Nous avons en outre une politique tarifaire avantageuse, parce que nous considérons que le football doit rester une grande fête populaire accessible au plus grand nombre.  Avec près de 15 000 spectateurs de moyenne, le FCL est dans le Top 5 de la Ligue 1 en taux de remplissage de son stade (81,5%) et a terminé au pied du podium du Championnat de France des tribunes. Notre public est fidèle, familial et convivial.

 

Merci à Thierry Hubac pour sa disponibilité. Vous pouvez le retrouver sur Twitter: @ThierryHubac

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