Jean-Baptiste Vilain (Veltys) : « Des revenus audiovisuels sécurisés pour le rugby français »
La finale du Top 14 sera ce vendredi à l’Orange Vélodrome l’apothéose de la saison pour le rugby français. Avec des droits tv en progression, les indicateurs économiques et sportifs sont au beau fixe pour la LNR.
Stade Toulousain ou Union Bordeaux-Bègle, quelle que soit l’équipe qui remportera le Brennus, le rugby français a le sourire. Le groupe Canal+ a en effet remporté les 4 lots de l’appel d’offres de la Ligue nationale de rugby (LNR) pour les droits audiovisuels domestiques du Top 14 et de la Pro D2. Un deal pour le cycle 2027-2032 en progression de 14,7% par rapport au dernier contrat. Au total, Canal déboursera 139,4 millions d’euros par saison. Pour boucler ce dossier, la LNR s’est appuyée sur le cabinet Veltys, spécialisé depuis 2013 dans la data et les analyses économiques et statistiques.
Un appel d’offres très encadré
« Dès qu’il y a des données, nous sommes là », se réjouit Jean-Baptiste Vilain, le directeur de la practice sport et enchères chez Veltys. La structure compte une cinquantaine de salariés et accompagne majoritairement des ligues et des fédérations. Avec la LNR, au delà du sujet des droits TV, Veltys intervient aussi sur des aspects plus réglementaires comme le salary cap. « Un appel d’offres, c’est un gros travail, cela représente à la fin un document d’au moins 300 pages. Il faut tout border. La direction de la ligue, les équipes commerciales et médias ainsi que des conseils externes sont mobilisés pendant plusieurs mois. Nous avons analysé des données économiques et d’audiences, réalisé un benchmark des droits, construit les lots et les procédures économiques d’attribution », détaille Jean-Baptiste Vilain pour Le Sport Business.
Veltys connait bien le rugby français pour avoir déjà accompagné la LNR sur des appels d’offres précédents mais le marché évolue : « Ce n’était pas les mêmes lots, les mêmes procédures, les mêmes acteurs… Cela rend notre travail très intéressant. » Veltys insiste sur l’indépendance de son travail et l’objectivité de l’institution qui s’attarde sur l’exposition, le traitement éditorial et la promotion des compétitions. « La LNR évalue les offres d’abord sur la dimension qualitative puis financière », précise le diplômé de Sciences politiques et de l’école Polytechnique.
Le rugby français grandit
« Les droits du rugby ont fait +15% sur cet appel d’offres et cela avait déjà fait +17% sur le précédent. C’est très positif sur le plan financier mais aussi au niveau du qualitatif et de l’exposition. Une partie importante des revenus des clubs repose sur le sponsoring et il faut donc une bonne exposition des matchs. La vente des droits s’est faite assez tôt, cela permet à la ligue et aux clubs de se projeter et d’avoir des revenus sécurisés pour poursuivre le développement du rugby français ». Au niveau européen, la France est même est loin devant le championnat anglais. Veltys regarde de près la situation du sport mondial: « La NBA a fait récemment un bon deal et plus globalement aux Etats-Unis, les droits fonctionnent bien. On a vu aussi récemment l’engouement autour des sports de combat où il y aura surement des questions de droits tv qui vont se poser. Le marché français, qui est notre spécialité, est plus encadré sur le plan juridique que dans d’autres pays. »
Après les droits audiovisuels, le cabinet se verrait bien toucher aussi les questions de sponsoring. « On aimerait bien, je me suis déjà dit qu’il y avait des choses similaires à mettre en place en termes de mécaniques d’attribution. C’est évidemment difficile d’estimer ce que rapporte un partenariat. Il y a une partie valeur commerciale qu’on peut estimer avec des analyses statistiques mais il y a une valeur plus stratégique d’image de marque qui est aussi compliquée et donc stimulante. »
La finale du Top 14 se déroulera le vendredi 28 juin à l’Orange Vélodrome de Marseille. Une rencontre à suivre en direct sur Canal+, à partir de 21h05
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Le 10 juin dernier, nous avons enregistré un podcast autour des droits tv du football français. A retrouver ici.