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[Interview] Charles Rozoy: « C’est un engagement du fond du coeur »

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Le champion paralympique de natation fréquente moins les bassins mais se donne toujours autant au quotidien pour faire avancer le sport handicap en France. Depuis le mois d’octobre, Charles Rozoy fait partie du cabinet de la ministre Roxana Maracineanu.

Le Sport Business: Comment vous êtes-vous retrouvé collaborateur au ministère des sports ?

Charles Rozoy: C’est un investissement de longue date dans le sport handicap, d’abord en tant qu’athlète puis à travers mes engagements. Lors de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, j’ai aussi écrit beaucoup de contenu, le lien c’est fait comme cela. Lorsque Roxana Maracineanu est arrivée au gouvernement, elle m’a proposé de rejoindre son cabinet. Je parle bien de « sport handicap » car cela intègre le handisport, le sport adapté et le sport paralympique. Ma mission est d’écrire la stratégie nationale du sport handicap en France.

Il s’agit de donner les grands axes stratégiques et politiques du sport handicap. Qu’est ce qu’on veut faire dans les 15 ans, qu’est ce que l’inclusion, quel héritage pour les Jeux Olympiques ? Je ne dis pas que rien n’a été fait mais il faut compiler tout cela pour avancer vraiment.

Vous êtes seul à faire cela ?

Dans tous les cabinets, il y a toujours eu des gens en charge du handicap mais avec plein de missions à côté. Je me retrouve uniquement avec ce sujet pour écrire une stratégie et prendre des décisions pour l’avenir du sport handicap.

Vous aviez déjà une petite expérience politique à Dijon…

Mon premier engagement, c’était de rejoindre La République en Marche pendant la campagne. J’ai commencé par être, et je le suis toujours, conseiller municipal et conseiller de la métropole. Je me suis occupé du sport et des grands équipements.

Comment est perçue la ministre par le monde du handisport ?

Je ne peux pas dire par le monde handisport en général, je pense qu’elle est perçue comme très humain et proche des gens. Elle n’arrive pas dans un moment simple avec pas mal de problématiques à gérer mais c’est le cas pour beaucoup de ministères. La notion d’inclusion, c’est de dire qu’il ne faut pas faire pour les gens mais faire avec les gens. Ce n’est pas toujours simple mais la ministre décide de prendre plus de temps et faire au mieux pour avoir les avis des gens.

Vous avez ce rôle de conseiller sur Paris, votre rôle d’élu à Dijon et vous animez des conférences partout en France pour raconter votre parcours. Comment organisez-vous votre agenda ?

Je suis toute la semaine à Paris et sur le terrain le week end, à Dijon. C’est à 1h30 de Paris, c’est pas si loin. Mes interventions sont souvent le soir, j’ai la chance de pouvoir m’organiser. C’est vrai que c’est compliqué, je dors beaucoup moins mais c’est un vrai engagement, j’estime qu’on va pouvoir changer la vision du sport handicap. C’est un engagement du fond du cœur. J’avais un rêve unique, celui de devenir champion olympique. J’ai réussi à me reconstruire et devenir champion paralympique. J’ai juste envie de donner beaucoup pour essayer de rendre le monde meilleur.

On a l’impression qu’il y a souvent beaucoup de communication autour du handisport, du sport féminin… Beaucoup font des annonces mais est ce qu’il y a toujours des actes ? Quel est votre regard ?

Les choses évoluent, pas assez vite. Dans les faits, ce n’est pas si simple. La bonne voie, c’est de dire qu’on veut voir plus de paralympique, que les athlètes gagnent mieux leur vie, oui. Mais est ce que les gens se déplacent sur les matches, vont chercher l’information ? Je ne pense pas, beaucoup attendent l’information. Tant qu’on sera dans un petit cercle vicieux avec pas beaucoup d’argent, on se dit qu’il sera compliqué de communiquer, d’attirer des sponsors et du public. L’argent ne va pas tout changer, il faut communiquer différemment pour réussir.

Je pense que les initiatives doivent venir des Français. Il ne faut pas tout attendre des pouvoirs publics, il faut se prendre par la main. Plein d’athlètes para l’ont bien compris en faisant des résultats et en communiquant sur leur histoire. L’Etat doit rester engagé et c’est le cas avec un secrétariat pour l’égalité homme-femme, un plan pour la féminisation du sport. Les choses se font mais tout cela est lent, cela prend du temps. Pour avancer plus vite, il faut que les gens prennent les choses à bras le corps.

Est ce que votre rôle est aussi d’aller à la rencontre des médias ? France Télévisions avait fait des efforts sur les Jeux…

Pour l’instant, ce n’est pas mon rôle. Je dois écrire une stratégie claire pour que les personnes en situation de handicap puissent pratiquer plus de sport et leur faciliter l’accès. Cela doit aussi à la France d’obtenir plus de médailles. J’essaie de simplifier le mouvement. Quand tout cela sera en place, on pourra aller convaincre des médias, il ne faut pas griller des étapes.

La Semaine Olympique et Paralympique vient de s’achever, c’était du jamais vu ?

Paris 2024 a initié cette semaine, c’est très bien, et j’ai eu la chance de la vivre avec des jeunes. Tout le monde peut avoir des initiatives. Il ne faut pas attendre qu’un champion viennent dans son collège ou son lycée. On peut aller dans le club d’à côté pour trouver des sportifs au parcours atypique et les sensibiliser.

Entretien réalisé dans le cadre des conférences organisées par l’ISEFAC à Lille Grand Palais (5-7 février).