Streaming illégal – Michel Savin (Sénateur LR) : « Il existe des blocages temporaires »
Le streaming, c’est le nouvel ennemi des chaînes de télévision qui se battent pour conserver l’exclusivité de leurs programmes mais aussi leurs abonnés. Entretien avec Michel Savin, sénateur Les Républicains de l’Isère, et président du groupe « Pratiques sportives et grands événement sportifs ».
Le Sport Business : Vous venez de recevoir des représentants de l’Association pour la protection des programmes sportifs (APPS), c’était votre première rencontre ?
Michel Savin : Nous les avions rencontré au mois d’avril dernier. L’objectif était de faire un point avec eux sur la situation et de savoir si l’article qui avait été voté au Sénat en 2017 était appliqué (voir le Journal Officiel). Nous voulons mener 2 chantier : négocier avec tous les partenaires et mettre en place une action législative plus forte.
Qui fait partie de cette APPS ?
Il y a des médias bien sûr, Canal, beIN et d’autres, mais aussi des représentants de ligues sportives comme le football, le handball, le rugby ou le basket. Le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) est aussi représenté.
Quel est leur état d’esprit ? Le streaming n’a pas l’air de reculer…
Dans d’autres domaines comme le cinéma ou la musique, c’est le cas. Mais dans le sport, cela n’est pas constaté. Ils sont inquiets car les enjeux économiques ne sont pas anodins. Si rien n’est fait, dans un avenir plus ou moins proche, il sera compliqué de trouver des partenaires médias. Les chaînes veulent une garantie d’exclusivité, c’est normal.
Quelle est la solution ? Les sites qui diffusent du streaming sont inattaquables ?
Dans d’autres pays comme le Portugal ou l’Angleterre, des choses sont mises en place pour protéger ces retransmissions. Il faut des négociations entre les fournisseurs d’accès et les hébergeurs. Sur le sport, il faut agir très vite. Il faut intervenir avant ou pendant la rencontre, pas 48 heures après. Certains hébergeurs attendent que la loi fasse son travail.
Au Portugal, en Angleterre, au Danemark, il existe des blocages temporaires le temps d’un matche. C’est pour cela que nous voulons rencontrer les acteurs de ces pays là.
Pourquoi les fournisseurs et les hébergeurs ne prennent pas de mesures ?
Rien n’oblige ces entreprises à le faire aujourd’hui, c’est pour cela que c’est compliqué. Il y a d’abord une volonté de négociation, en espérant que cela débouche sur quelque chose de concret. Je dois revoir les représentants de l’APPS au début d’année prochaine, si cela n’a pas avancé, nous passerons par la loi.
Concernant l’appel d’offres des droits de la Ligue 1, quelle est votre réaction ? Il faut soutenir Canal+ ?
Il y a la loi de l’offre et de la demande mais nous ne devons pas oublier que notre système fait que ces droits TV financent aussi le cinéma et la production de séries françaises. Cette économie peut être fragilisée nous sommes donc attentifs, d’autant plus que Mediapro a connu des déboires en Italie.
Un autre sujet d’actualité : les députés ont adopté en commission l’exonération complète et permanente des primes versées par l’Etat aux athlètes français ayant obtenu un titre olympique ou paralympique. C’était nécessaire ?
J’avais porté cet amendement au Sénat. Il faut être vigilant car je me souviens que l’année passée, la commission des finances avait voté des amendements et en séance, grâce à la majorité, ils avaient fait machine arrière. J’espère que cela ne sera pas remis en cause car je trouve injuste que les champions d’hiver soient pénalisés par rapport à ceux d’été. C’est un engagement du gouvernement, il faut qu’il soit tenu.