Gilles Dufeigneux (Grand Prix de France): « Le déclencheur a été la volonté politique »
La Formule 1 est de retour en France. Gilles Dufeigneux, le directeur général du Grand Prix, a répondu à nos questions lors d’une visite sur le circuit Paul Ricard.
Le Sport Business: Cela faisait longtemps qu’on parlait d’un Grand Prix de France, comment la F1 a pu faire son retour en 2018 ?
Gilles Dufeigneux: Nous avions toujours dit qu’il faudrait idéalement un circuit, des pilotes et des partenaires impliqués. En 2010, lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ce sujet, il n’y avait rien de tout ça. Aujourd’hui, le circuit c’est le Paul Ricard, les pilotes il y en a 3, c’est sans doute une génération mais c’est aussi les efforts de la FFSA et des fillières; et les partenaires, ce sont ceux qui font le succès d’un projet comme la F1. Je pense à Renault, à Canal+, à TF1.
Le déclencheur a été la volonté politique, comme souvent. Le catalyseur de Christian Estrosi a permis de faire en sorte que les investisseurs régionaux soutiennent le projet. Dans un modèle où 50% des recettes provient de subventions publiques, il faut être déterminé.
Le retour de Renault en F1 était une condition pour organiser ce Grand Prix ?
Cela y a contribué mais ce n’était pas une condition. Nous avons un secteur automobile puissant, il y a une sorte de logique à ce que tout ce monde participe à un gros événement. Il n’y a pas de condition mais ça aide forcément.
Combien ça coûte d’organiser un Grand Prix comme celui ci ?
Le budget est de 31 millions d’euros par édition dont près de 14 millions de subventions publiques. Nous avons assez peu de droits en termes de recettes. Nous avons racheté des hospitalités mais notre principale source de revenus, c’est la billetterie.
Arnaud Péricard (maire de Saint-Germain-en-Laye et avocat, il a beaucoup travaillé sur ce dossier) expliquait que les patrons de la F1 sont restés sur un mauvais souvenir avec la France…
Bernie Ecclestone, surtout, oui. Si on lui manque à un moment, il considère que le relation est close. Il avait considéré qu’en 2008 les organisateurs français n’avaient pas été au rendez-vous. Cela a été très difficile de réinstaller une relation de confiance. Mais que cela soit en 2012 ou en 2016, il a été à la manœuvre.
Notre interview avec Arnaud Pericard dans le numéro 1 du Magazine.
Pourquoi le Grand Prix de Magny-Cours n’a pas fonctionné ?
Nous avons étudié les erreurs. Il y a d’abord eu un problème de territoire. Tout le monde soulignait la difficulté au niveau des accès et de l’hôtellerie. Il y avait un problème d’attractivité. Je ne jette la pierre à personne mais il faut professionnaliser les choses. Le modèle de l’époque était très lourd, avec beaucoup de personnel. Nous avons essayé d’aller chercher en sous traitance des briques pour constituer un ensemble efficace.
C’est plus simple de travailleur aujourd’hui avec Liberty Media ?
Avec Bernie, on se serrait la main et c’était fait. Les avocats arrivaient ensuite avec des centaines de pages de contrat mais l’engagement était assez simple à sceller. Avec Liberty, c’est plus long, plus lourd. La FOM a pris une nouvelle dimension mais c’est intéressant, ils vont faire évoluer le produit et lui donner une dimension internationale plus importante.
L’objectif de billetterie sera atteint ?
Oui, l’événement sera à guichets fermés dès la mi-mai je pense. Je considère qu’on a tout à réapprendre. Il faut être professionnel et modeste parce que 65 000 personnes, c’est un format modeste par rapports aux autres Grand Prix. Nous savons que sur le Paul Ricard, nous pouvons aller plus loin, au delà des 100 000 personnes. Les personnes qui viendront pourront vivre une expérience extraordinaire dans de très bonnes conditions.
Par rapport aux autres promoteurs, nous sommes très en avance sur les ventes car nous sommes de retour, il y a un bonheur et une attente du public.