Yohann Lacroix, un footballeur pas comme les autres
Loin des projecteurs des grands stades européens et de leurs millions d’euros, Yohann Lacroix fait son chemin. Ce gardien de but français a décidé de tenter sa chance à l’étranger. Après plusieurs étapes, il a posé ses valises en Irlande du nord. Soucieux de son avenir, il suit également une formation en marketing sportif. Une rencontre en toute sincérité.
LeSportBusiness.com: Bonjour Yohann. Ton parcours est très atypique et intéressant. Peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?
Yohann Lacroix: Bonjour, je suis originaire de Thonon-les-Bains en Haute-Savoie où vit encore toute ma famille. Etant jeune j’ai pratiqué beaucoup de sport différents (ski ; vélo ; course à pied…) dont le football. Mon père était un joueur amateur et je passais tous mes dimanches à aller voir ses matchs. C’est tout naturellement que je me suis inscrit dans le même club. J’ai tout de suite joué gardien de but, surement attiré par les équipements et les responsabilités que l’on peut retrouver à ce poste.
Tu évolues aujourd’hui à l’étranger mais tu as été formé en France. Parle-nous un peu de tes premières années à Auxerre puis à Lille.
J’ai eu la chance d’intégrer le centre de formation d’Auxerre à l’âge de 14 ans. Ce fut un changement radical dans ma vie et dans ma carrière, en effet passer d’un club de village évoluant en district à l’un des meilleurs centres de formation de l’époque ne se fait pas sans mal. Quitter ma famille et mes amis aussi jeune fut également très difficile mais cela m’a permis de grandir vite et de me responsabiliser rapidement. Ensuite à 18ans j’ai suivis mon entraineur de l’époque Pascal Plancque à Lille. J’y passé 5 années magnifiques avec à la clef mon 1er contrat professionnel et mon 1er match pro.
Comment s’est passé ton départ de Lille auquel tu étais très attaché ? Tu n’avais à ce moment là aucun autre contact sérieux en Ligue 1 ou en Ligue 2 ?
Ce ne fut pas facile car je souhaitais vraiment réussir dans ce club. Malheureusement j’ai été ralenti dans ma progression par mon opération de la pubalgie qui m’a tenu écarté des terrains durant de longs mois (8). Je n’ai pas su progresser aussi vite que le club durant cette période.
Tu décides ensuite de t’envoler vers la Grèce, ta première aventure à l’étranger. Comment était ta vie là bas et au sein de l’équipe ?
La Grèce fut une dure mais belle expérience. C’était la 1er fois que je vivais à l’étranger. J’ai pu découvrir une nouvelle culture, une nouvelle langue, et une autre manière de voir le football. Cependant mon adaptation a été difficile mais cette expérience m’a énormément servi pour la suite de ma carrière et de ma vie.
Tu as ensuite passé plusieurs années à Singapour, dans le championnat professionnel, au sein d’une franchise française. Une aventure riche au niveau sportif mais aussi humain ?
Cette fois ci j’étais beaucoup plus armé et expérimenté pour ce choc culturel. Ce fut une aventure humaine et sportive exceptionnel avec à la clef un doublé coupe- championnat.
Ta famille était avec toi à cette époque ? Comment tes proches ont vécu cette deuxième expatriation ?
Mes proches étaient très contents pour moi même si cela faisait loin pour venir me voir jouer ! Ma famille et mes amis proches sont venus me rendent visite quelque fois et ils n’ont pas été déçu du voyage !
Yohann et son équipe de l’Etoile FC, lors de son aventure à Singapour
Finalement, l’aventure s’est un mal terminée là bas ? Après une année dans un autre club et un nouveau titre de champion, tu as voulu revenir au sein de la formation française.
Oui cela a été un peu compliqué sur la fin mais cela n’enlève en rien l’aventure fantastique que j’ai vécu là-bas. J’ai eu la chance de rencontrer des gens formidables, d’univers différents, cultivés et travailleurs. Le cadre et le niveau de vie était également incroyable.
Ton parcours est atypique au niveau du terrain mais aussi en dehors. Je sais que tu suis actuellement une formation en marketing-sportif. Comment arrives-tu à gérer les études et ta vie de joueur professionnel ?
Oui je suis en Master Business du Sport dans une école de commerce de Belfast. Ce n’est pas évident de gérer les deux mais je m’adapte au mieux. Les après-midi Golf et Playstation ne font définitivement pas partie de mon emploi du temps ! J’ai également monte un projet concernant la vente des droits Live Streaming de la Ligue de football Nord-Irlandaise. Cela me permet de développer une expérience et un réseau important dans l’univers des droits TV sportifs : business dans lequel je souhaite travailler avec ma carrière.
Après Singapour, tu pars en Irlande du Nord où tu habites depuis presque 2 années, c’est ça ? Tu souhaitais te rapprocher de la France ?
En Juin prochain, une fois mon contrat avec mon club terminé et mon Master en poche, je souhaite rentrer dans la région genevoise et commencer une carrière dans le business du sport. Il y a de nombreuses fédérations (UEFA, CIO…) et agences marketing (SportFive ; CAA Eleven : EBU…) dans le région et j’aimerai intégrer une d’entre elles. Toutefois je ne souhaite pas mettre un terme à ma carrière de joueur pour autant. Je vais voir dans les prochains mois comment je vais pouvoir organiser ma vie autour de ces deux activites.
Comment s’organise ta vie là-bas ? Il y a une communauté française importante ?
Comme j’ai pu l’expliquer auparavant j’ai une vie très occupe entre mon activité de joueur et mes études. Je passe la plus part de mon temps libre à étudier ou à me reposer. Il y a quelque français qui vivent sur Belfast mais la plus part de mes amis sont Irlandais. Les gens sont très gentil et accueillant en Irlande, cela me rappel d’ailleurs beaucoup le Nord de la France.
Quel est ton regard sur les agents de joueurs aujourd’hui ? Tu n’as pas eu les bons contacts au bon moment pour revenir jouer en France ?
Comme partout les bons agents travaillent la plus part du temps avec les bons joueurs. Si tu es comme moi un joueur moyen ton agent sera moyen. Dans mon cas personnel j’ai eu la « malchance » de tomber dans un club (Lille) qui s’est développé très rapidement et je n’ai pas su prendre le train en route. Je pense que si j’avais évolué dans un club moins huppé cela se serait passé différemment.
On parle souvent du manque de valeurs chez certains joueurs pro en Europe. L’argent, les sponsors, le manque de respect vis-à-vis des supporters. Qu’en penses tu ? C’est un autre monde l’Irlande du Nord ?
Je ne suis pas du tout d’accord avec cela. J’ai eu la chance d’évoluer avec plusieurs joueurs de l’équipe de France actuelle ( Debuchy, Cabaye, Sagna…) et je peux vous assurer qu’ils ont des valeurs et une éducation irréprochable. C’est évident qu’il y a des personnes moins irréprochables que ceux que je viens de citer dans le football mais les gens mettent trop souvent tous les joueur dans le même panier.
Merci beaucoup Yohann pour nous avoir accordé un peu de ton temps. Tous nos vœux de réussite pour 2014. Tu viens d’ailleurs d’être prêté à une autre équipe pour les prochains mois. Ton projet de reconversion est très intéressant ! On espère te revoir bientôt sur les terrains français.
Vous pouvez retrouver Yohann Lacroix sur Twitter: @YohannLacroix1