[Interview] Vincent Deniau, puissance 7
Le rugby à 7, vous connaissez ? Nous avons interrogé Vincent Deniau, joueur de l’équipe de France, pour qu’il nous parle de sa discipline. Les Bleus ont un objectif dans le viseur: participer aux prochains Jeux Olympiques de Rio. Allez les petits !
LeSportBusiness.com: Vincent, peux tu nous parler un peu de ton parcours et de ton passage du XV au rugby à 7 ?
Vincent: J’ai commencé au PUC (Paris Université Club). J’ai été recruté par l’AS Montferrand où j’ai rapidement intégré le groupe professionnel. J’y suis resté 4 années. Ensuite, en 2005, je suis parti à Dax (équipe de Pro D2) car j’avais besoin de temps de jeu. Il me restait un an de contrat et j’avais un peu fait le tour du sud ouest.
J’ai eu cette proposition de rugby à 7 mais le sport est devenu discipline olympique plus tard, en 2009. Je suis parisien et cela me permettait de revenir dans la région. J’avais aussi besoin de relancer ma carrière avec de nouveaux objectifs car on rentre dans une routine lorsqu’on reste longtemps dans un club. Le projet olympique est une vraie source de motivation.
Quel contrat as tu signé avec la Fédération Française de Rugby (FFR) ? C’est un contrat d’exclusivité ?
Je suis salarié de la Fédération, je suis joueur professionnel de rugby à 7. Avec l’équipe, on s’entraîne tous les jours à Marcoussis (au Centre National du Rugby). C’est un bon outil de travail et la Fédération essaie de tout mettre en place pour attirer de nouveaux joueurs. Cela n’est pas évident car il n’y a pas une grande culture du rugby à 7 en France. En 2009, nous étions 3 joueurs en contrat professionnel, aujourd’hui il y en a 14.
Comment vous regardent les joueurs de rugby à XV ?
Cela met du temps à prendre. Aujourd’hui, ils se rendent compte que c’est une discipline très exigeante. C’est vrai qu’au début, on se faisait chambrer. Lorsqu’on partait en tournée avec l’équipe à l’autre bout du monde, c’était les vacances. On va dans des destinations qui font rêver mais c’est très exigeant: ce n’est pas la même préparation qu’au rugby à XV, ce ne sont pas les mêmes efforts.
La presse en parle un peu plus, ça fait du bien à ce sport. Mais c’est encore peu reconnu en France.
Comment s’organise ta saison ?
Il y a 10 étapes dans le monde. Généralement, on s’entraîne un mois et demi en France et on part 15 jours à l’étranger. On va dire que dans l’année, on est 150 jours à l’étranger.
Vous prendrez bientôt la direction du Japon pour la prochaine étape ?
La prochaine étape, c’est Tokyo puis Hong-Kong qui est un des gros tournois de rugby à 7. Je crois que ce sera la 38ème édition. C’est un gros truc, 170 000 personnes sur 3 jours.
Lorsque vous vous déplacez à l’étranger, vous rencontrez aussi les expatriés français ?
Oui, généralement la Fédération ou l’Ambassade de France organise quelque chose.
Au niveau des résultats, comment se comporte l’équipe depuis le début de l’année ?
C’est une saison un peu difficile, on a eu quelques blessés. Nous sommes dans une saison de transition après la Coupe du Monde qui a eu lieu à Moscou l’été dernier. Cette année, on a rien à gagner et rien à perdre. On se prépare surtout pour la saison prochaine qui va être importante pour la qualification aux Jeux Olympiques. On teste pas mal de trucs et des nouveaux joueurs. L’équipe est au milieu de tableau.
Vous avez souvent des joueurs qui passent un tournoi avec vous et qui retournent en rugby à XV ?
Oui, c’est pas évident. Même si les joueurs ont déjà pas mal d’expérience en Top 14 ou en Pro D2, il faut en moyenne une saison pour former un joueur au rugby à 7. Physiquement c’est dur et puis ce n’est pas le même sport. C’est du rugby avec ses phases de conquêtes mais il y a un temps d’adaptation.
Puis les clubs ont tendance à nous laisser leurs joueurs un peu tard du coup, les mecs arrivent une semaine avant le tournoi. On joue quand même au niveau international.
Tu as déjà été approché par des marques afin de devenir partenaire ?
Pas trop. Nous sommes liés aux sponsors de la Fédération car nous sommes salariés. J’ai un sponsor perso avec Adidas. Mais tout est possible, j’essaie de taper aux portes à droite et à gauche pour apporter ma pierre à l’édifice et faire connaitre le rugby à 7.
Les réseaux sociaux sont devenus importants pour les joueurs professionnels. Comment est ce que tu t’es mis sur Twitter ?
On se dit toujours qu’on peut se débrouiller sans mais en fait, c’est important de communiquer. Le sport et le rugby sont devenus professionnels. Maintenant, je pense que ça fait partie du jeu. Nous avons une discipline encore peu connue, c’est important de la faire découvrir aux gens.