[Interview] Milémil: pour que brille le football français
Le Made in France a le vent en poupe, même en matière de sport. Rencontre avec Isabelle Dhume, cofondatrice de la marque Milémil. Avec son associé, elle a relevé le défi de créer une marque de chaussures de football entièrement produites en France, dans la Drôme. Le financement participatif a permis à la toute jeune entreprise de se lancer et de faire renaître le talent tricolore.
LeSportBusiness.com: Créer un produit 100% Made in France, vous y pensiez depuis longtemps ?
Isabelle Dhume: Je suis ingénieur en conception de chaussures et j’avais envie de faire quelque chose dans l’entrepreneuriat, dans le cuir et dans le sport. J’ai connu Christophe, mon associé, sur les petites annonces d’un forum de discussions. Il est d’une formation plutôt commerciale et passionné par le football. Il déplorait de ne pas trouver des chaussures fabriquées en France alors on a passé des heures à échanger pour se connaître et définir ce que nous voulions faire. Nous avons travaillé pendant une année pour montrer ce projet.
Vous consacrez tout votre temps à développer la marque ?
J’ai quitté mon travail dans une Chambre de commerce au mois de février, au moment où nous avons lancé la campagne de financement participatif. Christophe termine son travail début juin.
Comment s’est déroulée cette campagne sur internet ?
Elle s’est super bien passée. Nous nous étions fixés un objectif de 6 950 euros, ce qui correspond à la fabrication d’une cinquantaine de paires. Ensuite, nous avons ouvert la possibilité de faire des dons. En échange, les gens pouvaient recevoir des petits cadeaux (plus de 11 000 euros collectés au final).
« Il faut énormément d’investissement pour la mise au point d’une chaussure »
On a fait cette campagne pour nous aider car il y avait beaucoup de dépenses. Nous avons des moyens de jeunes de 30 ans qui ont mis un peut de côté pendant 10 ans mais pas bien plus. Compte tenu du prix de nos produits, les gens ont besoin de le voir, c’est pour cela qu’on travaille actuellement sur notre réseau de distribution.
Quels sont les premiers retours des consommateurs ?
Ils sont très bons. Le projet intéresse beaucoup de monde et on sent qu’il répond à des attentes. Nous sommes très contents pour le moment mais c’est anecdotique par rapport aux grandes marques. Le financement participatif s’est terminé le 12 avril, nous démarrons à peine. J’ai pleins de modèles en tête.
Et les poids lourds du secteur, sont-ils au courant de l’existence d’une chaussure fabriquée en France ?
Non, je ne pense pas. On a pas eu de contact avec eux pour le moment. Notre esprit est tellement décalé que je pense qu’ils ne s’inquiètent pas. Sur le salon Galaxy Foot, des ingénieurs de Décathlon sont venus mais on a un positionnement vraiment différent. Nous sommes 2 dans un petit atelier, c’est pas les mêmes volumes mais on se dit qu’il y a une petite place pour nos chaussures.
« Nous avons aussi beaucoup pensé à des marques comme Nike ou Adidas car elles ont la force de nous tuer dans l’œuf très facilement »
Vous n’avez pas eu de soutiens financiers avec la Région ou d’encouragement de la part de responsables politiques ?
Non, pas spécialement. J’ai eu une petite subvention pour faire des tests en laboratoire et j’ai encore quelques pistes. Mon métier au sein de la Chambre de commerce nous aide un peu à ce niveau.
Concernant les soutiens politiques, pas vraiment. L’année dernière à Romans, quelqu’un a lancé des jeans fait en France et certains politiques se sont mis à acheter le produit. On arrive après alors c’est un peu compliqué, ils ne peuvent pas soutenir toutes les entreprises. Ils apprécient l’initiative en tous les cas.
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